L’affaire Daphné Caruana Galizia
« L’affaire Daphné Caruana Galizia » : dévoilement. Malte, l’archipel aux 360 églises et chapelles, est encore secoué par l’assassinat de la célèbre journaliste-bloggeuse de 53 ans, Daphné Caruana Galizia, le 16 octobre 2017.
Les débuts de la journaliste.
Après tentatives d’intimidation et menaces devenues quotidiennes comme celle trouvée un matin sur le mur de sa maison «Si les mots sont des perles, le silence a plus de valeur…», Daphné Caruana Galizia, citoyenne maltaise au verbe haut et représentante du 4e pouvoir, a été sacrifiée pour avoir dénoncé, d’une plume à double tranchant, la collusion des 3 pouvoirs et la corruption.
Daphné Caruana Galizia nait le 26 août 1964 à Sliema. Elle est scolarisée à St Dorothy’s convent school, Mdina, et à St Aloysius collegue, Birkirkara. Elle étudie ensuite à l’université de Malte où, en 1977, elle décroche un diplôme d’archéologie. En 1985, Daphné Caruana Galizia épouse un avocat, Peter Caruana Galizia, le père de ses trois enfants : Matthew, Andrew et Paul.
Elle est ensuite chroniqueuse dans plusieurs médias maltais dont The Sunday Times of Malta et rédactrice adjointe dans The Malta Independant. Elle travaille aussi pour le magazine Taste & Flair. A Malte, elle devient la pionnière du journalisme d’investigation et d’opposition.
Le blog pour lequel elle à été assassinée.
En 2008, Daphné se lance dans la rédaction d’un blog très populaire, Running Commentary, qui va compter jusqu’à 400 000 followers.
La journaliste indépendante y croise le fer avec l’Establishment en attaquant des personnalités maltaises de tous bords. Elle révèle, par exemple, le trafic du pétrole libyen. Elle combat les trafics d’influence, le blanchiment de l’argent du crime organisé, les évasions fiscales.
Elle est à l’origine des accusations de corruption qui ont provoquées les élections anticipées de juin 2017, remportées par Joseph Muscat (centre droit). Elle a accusé Michelle Muscat, l’épouse du premier ministre, d’avoir ouvert un compte au Panama pour y abriter, entre autres, des pots de vins versés par l’Azerbaïdjan en échange de l’autorisation donnée à une banque azérie de travailler à Malte.
« Le plus gros mensonge de l’histoire maltaise » avait réagi Joseph Muscat.
Ses nombreux et virulents ennemis présentent la dissidente dont la voix résonnait au-delà des frontières comme l’empêcheuse de tourner en rond, le poil à gratter de Malte, la sorcière de Bidnija.
Mais, Daphné, laissons plutôt s’exprimer certains de ceux qui t’ont côtoyée. Que disent-ils de toi ?
Ils te présentent comme une journaliste courageuse, controversée, parfois imprudente et isolée. « C’était une des meilleures journalistes de notre pays. Elle plongeait dans la vie des gens, parfois à la limite de l’éthique journalistique, pour dénoncer les escrocs. Elle avait un coté paparazzi. ».
Après ton assassinat, ils évoquent aussi le délitement des institutions publiques, la corruption au plus haut niveau de l’Etat : trafics illicites, avantages fiscaux pour les sociétés étrangères, …
Ils sortent de l’ombre les relations incestuelles entre les trois pouvoirs (le législatif, l’exécutif, le judiciaire), normalement séparés pour interdire un glissement vers un Etat non-démocratique.
Si comme le disait Georges Orwell, l’auteur de « 1984 », « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre », Daphné Caruana Galizia a défendu la liberté d’expression, jusqu’à la mort.
Le lundi 16 octobre 2017, moins d’une heure avant son assassinat dans l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture, non loin de son domicile, Daphné écrivait encore dans son blog « il y a des escrocs partout où vous regardez. La situation est désespérée ».
Après le meurtre.
Son fils Matthew, journaliste et membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) témoigne « Je n’oublierai jamais comment j’ai couru autour du brasier dans le champ, en essayant d’ouvrir la porte alors que le klaxon sonnait encore (…) J’ai regardé par terre et j’ai vu des morceaux de ma mère partout autour.
Voilà à quoi ressemble une guerre et il faut que cela se sache (…). Nous sommes un peuple en guerre contre l’Etat et le crime organisé, qui ne se distingue plus l’un de l’autre ».
Son compte Facebook dénonce « Ma mère a été assassinée parce qu’elle se trouvait entre l’Etat de droit et ceux qui cherchaient à le violer, comme beaucoup de journalistes puissants. Mais elle a aussi été prise pour cible parce qu’elle était la seule à le faire ».
Son fils s’en est pris au Premier ministre travailliste et à son entourage, les accusant d’avoir rempli le gouvernement, la police et les tribunaux d’escrocs. « Vous êtes complices, vous êtes responsables de ça ».
Des milliers d’internautes réclament « Justice pour Daphné ».
A l’étranger, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a promis une récompense de 20 000 euros pour toute information menant à la condamnation des assassins.
Publié par Christine M.
Vidéo à propos de l’affaire Caruana Galizia
Vidéo reportage du 02 12 2019 : Grosse mise à jour sur l’affaire impliquant le gouvernement Maltais en place.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=7YFwyBpc6D8[/embedyt]
Article de France inter pour aller plus loin : https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-21-avril-2018
Mise à jour 21/05/2021 :
Nouvelle mise à jour et responsabilités du meurtre : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/daphne-project/enquete-malte-une-centrale-au-gaz-des-politiques-corrompus-des-policiers-ripoux-retour-sur-le-scandale-qui-a-coute-sa-vie-a-une-journaliste_4622703.html